« African Step »

Blue Zone, Conakry (Guinée) – 29 mai/19 juin 2015

« African Step…un titre qui signifie pour moi un pas pour avancer, une marche pour s’élever et voir un horizon plus vaste, celui que j’ai tenté d’explorer durant mes quatre années guinéennes.

Je quitterai la Guinée dans quelques semaines et ce que je présente aujourd’hui est le fruit d’un travail inspiré par la découverte d’une culture nouvelle pour moi.

De cette rencontre, on peut dire qu’elle fut un véritable séisme émotionnel.

Une profusion de matières, de couleurs, de textures à laquelle ma culture classique ne m’avait pas habituée et que j’ai tenté d’absorber.

Lorsque j’imagine l’expression « techniques métisses », en référence au terme de « technique mixte », j’espère exprimer cette fusion entre ma culture française et ma révélation africaine.

« Techniques métisses » dans le sens d’un bouleversement du coeur et de l’esprit, mais « techniques métisses » également dans un sens plus prosaïque de mêler les techniques que je connais, en particulier le travail de la terre, et le savoir-faire d’artisans guinéens.

J’ai travaillé lors de ma précédente exposition « IN OUT, créations sur le fil » au CCFG et ensuite pour la sculpture et la palissade de l’hôpital Mère Enfant de Coronthie avec des soudeurs, des fondeurs, des ouvriers qui recyclent les tôles, ou travaillent le rotin.

Dans cette nouvelle exposition, j’ai mis l’accent sur le travail des fondeurs en aluminium, le soin extrême que chacun apporte à sa tâche, mais aussi les conditions terribles dans lesquelles ils travaillent et le miracle qui permet de faire d’une canette de soda usagée une oeuvre d’art….

Je veux souligner l’accueil et la gentillesse remarquables de tous à mon égard, malgré la complexité du travail que je leur imposais et, pour cette exposition, des délais de réalisations très très courts.

Une grande partie du travail que je présente aujourd’hui trouve aussi sa source dans la culture plus traditionnelle des masques africains.

Là encore, je dois parler de choc esthétique tant est grande la richesse sculpturale et graphique de ces pièces, y compris dans la totalité du costume grimant le personnage, le recouvrant entièrement de paille, de palmes, d’écorce ou de tissu. Le foisonnement esthétique et l’inventivité dont font preuve leurs créateurs sont considérables.

Je ne prétends en aucun cas m’immiscer dans leur valeur symbolique, mais ne m’attacher qu’à leur rendu plastique exceptionnel et oser un « mix » entre mes références classiques et la jouissance esthétique éprouvée lors de quelques rencontres vécues au hasard des pistes de Guinée. Lorsque je parle de choc esthétique, on comprendra à quel point celui-ci fut intense, car il y a un monde entre une telle rencontre sur le papier glacé de quelques livres d’art ou dans la salle climatisée d’un musée et l’émotion d’un moment vécu à la lueur d’un feu de bois et au son des tam-tam….

African Step est donc ma façon très personnelle de dire merci à ce pays qui m’aura accueillie durant quatre années.»

Conakry, mai 2015